Présentation de l’éditeur : Dès l’enfance, ici, on semble rompu à la survie. Dans cette famille de pionniers en Alaska, on ne pleurniche pas, trois générations s’entrecroisent pour le prouver. Pêcheuses, pêcheurs, trappeurs, trappeuses, chasseurs ou chassées, la force des liens se mesure au courage, à la capacité de tenir la bouteille, d’encaisser les coups et au don pour raconter des histoires. Tous ont appris très tôt que les bananes portent la poisse sur les bateaux, c’est l’oncle qui le dit. On sait que les hameçons vont se ficher partout quand on les lance, un mannequin à l’hôpital peut en témoigner. Même les poissons dans ces récits semblent parler tant ils sont en vie, tant ils se battent, eux aussi, contre les éléments. Dans chaque histoire de ce premier ouvrage magistral, Melinda Moustakis donne à voir des paysages d’une rudesse que seule la beauté de l’Alaska peut atténuer, des personnages que seuls le rire, la famille et les histoires peuvent apaiser.
Traduit de l’américain par Laura Derajinski.
Éditions Gallmeister – 207 pages
Depuis le 2 octobre 2014 en librairie.
Ma note : 4 / 5
Broché : 22,50 euros
Si la quatrième de couverture le laisse entendre et la page de garde l’affirme, le premier roman de Melinda Moustakis n’est pas à proprement parler un recueil de nouvelles. À moins de préciser que ce sont des nouvelles interdépendantes. Passé cet éclairage, il s’impose de convenir que l’entrelacement de récits d’Alaska n’est pas forcément facile d’accès et s’adresse plutôt à un lectorat pointu.
Parfait exemple de nature writing, Alaska, comme son nom l’indique, plonge le lecteur dans les paysages somptueux de cet environnement extrême où la beauté n’a d’égale que la rudesse de ses habitants, pionniers, pêcheurs, chasseurs, trappeurs. L’auteur dépeint un univers familial sur trois générations où la pauvreté, l’alcoolisme ou encore la violence s’ajoutent à l’hostilité naturelle. Pourtant, elle parvient à insuffler beaucoup d’espoir et à sonder, souvent avec beaucoup d’humour, les liens forts qui unissent chaque membre de cette famille qui chaque jour se bat pour sa survie.
Entre finesse psychologique pour la création de ses personnages et talent descriptif emprunt d’authenticité pour explorer les confins de cette contrée méconnue, cet Alaska brut, sauvage, brutal et fascinant, Melinda Moustakis entre en littérature par la grande porte. Ce formidable premier ouvrage, récompensé par plusieurs distinctions littéraires dont le prestigieux Prix Flannery O’Connor et le Prix O. Henry / PEN., a d’ailleurs permis à la lauréate de faire partie de la sélection des cinq auteurs de moins de 35 ans à suivre selon le jury du National Book Award. Si besoin était de compléter l’argumentaire pour inciter à lire cette belle et prometteuse nouvelle plume, il faudrait dire qu’il y a du Harrison, du Erdrich, du Boyden ou encore du Fergus chez Moustakis.
Vous aimerez sûrement :
Le jeu des ombres, Dans le silence du vent et La décapotable rouge de Louise Erdrich, Mille femmes blanches de Jim Fergus, Seuls le ciel et la terre de Brian Leung, Les saisons de la solitude de Joseph Boyden, Dis que tu es des leurs d’Uwem Akpan, Home de Toni Morrison, Les douze tribus d’Hattie d’Ayana Mathis, Murambi, le livre des ossements de Boubacar Boris Diop, Les jeux de la nuit et De Marquette à Veracruz de Jim Harrison, Sanctuaire et Le bruit et la fureur de William Faulkner, La vie sans fards de Maryse Condé, Un long silence de Mikal Gilmore, La maison de terre de Woody Guthrie…
Un grand merci à Libfly et aux Éditions Gallmeister pour m’avoir offert l’opportunité de découvrir ce livre en avant-première dans le cadre de La Voie des Indés.
A reblogué ceci sur jean-louis.riguet-librebonimenteuret a ajouté:
Un univers familial dans de somptueux paysages !
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J’aime beaucoup les éditions Gallmeister, et j’ai très envie de lire ce livre qui me fait de l’œil. Ton avis me fait très envie mais qu’entends-tu par « pas forcément facile d’accès » et « s’adresse à un lectorat pointu » ?
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Oui, très bonne maison d’édition. Je veux dire que le texte est un peu compliqué et qu’il ne convient pas à tous types de lecteurs, je ne sais pas comment le dire autrement. L’as-tu lu depuis ?
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J’ai adoré ce recueil :)
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Je suis contente de l’entendre. Je n’ai pas trouvé beaucoup de retours sur ce livre pourtant magnifique.
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